* La version originale de cet article est disponible sur le site de la revue Gestion.
Les entreprises peuvent jouer un rôle en offrant à leurs employés des outils pour mieux faire face à ce fléau.
Le mois de janvier est souvent synonyme de renouveau et de bonnes résolutions. Pour un nombre grandissant de Canadiens, il sera pourtant synonyme d’une dette à la consommation importante. En effet, le temps des fêtes est une période de l’année propice à l’endettement. Cette situation n’est pas sans conséquence. Au Québec, le stress financier toucherait une personne sur deux. Celui-ci n’est pas sans conséquences, il peut, dans certains cas, mener à des problèmes de santé mentale.
Selon une récente étude, près du quart des Américains présenteraient des symptômes analogues à ceux du syndrome de stress post-traumatique en raison d’un stress financier. Les symptômes sont analogues : pensées négatives intrusives, comportements de détachement et d’évitement par rapport à leur situation, etc.
Ces résultats troublants ont conduit l’équipe de chercheurs à développer et tester une méthode d’intervention permettant d’aider les individus à mieux composer avec les effets négatifs de leur situation d’endettement, notamment par la thérapie cognitivo-comportementale. Les premiers résultats permettent d’observer une amélioration des pensées, des émotions et des comportements chez les individus qui pratiquent régulièrement les exercices proposés.
Stress financier : faut-il s’inquiéter?
Bien que les premiers résultats de l’étude permettent de croire qu’il soit possible d’améliorer la santé psychologique des personnes vivant un stress financier important, des questions demeurent.
Observerons-nous, dans les prochaines années, une augmentation des problèmes de santé mentale liés à l’endettement et à la précarité financière? Au Canada, les emprunts hypothécaires et les dettes à la consommation ont augmenté de manière significative. Alors qu’en 1980, le ratio de la dette d’un ménage était de 66 %, il est passé à 150% en 2011. Ce ratio signifie que pour chaque dollar de revenu disponible, les ménages canadiens doivent rembourser, en moyenne, 1,50$.
Devant un tel constat, les approches thérapeutiques visant à diminuer les symptômes d’un syndrome de stress post-traumatique sont-elles suffisantes? N’y a-t-il pas lieu de réfléchir à des moyens préventifs pour prévenir l’endettement excessif?
Comment les organisations sont-elles touchées par le phénomène du stress financier?
Le stress financier, comme toutes les autres formes de stress vécues, a un impact sur la santé physique et psychologique. Les recherches abondent dans ce sens et il est maintenant reconnu que le stress, s’il est maintenu sur une longue période de temps, rend malade. Difficultés de concentration et d’attention, maux persistants et douleurs récurrentes, fatigue et problèmes de sommeil, irritabilité, troubles digestifs… sont autant de conséquences dues au stress.
Bien que le travail ne soit pas nécessairement la source de ce stress, ces symptômes auront tout de même une répercussion sur la productivité des travailleurs : augmentation des erreurs, retards dans les tâches et les projets, augmentation des conflits avec les collègues, absentéisme plus fréquent, présentéisme, etc.
Ces répercussions ont des coûts pour les entreprises. Ces dernières déboursent l’équivalent de 17% de leur masse salariale en frais liés aux problèmes de santé psychologique. Ainsi, il est souvent plus rentable pour une organisation de développer des mesures de soutien et de prévention du stress financier à l’égard de ses employés que d’en subir les conséquences.
Comment lutter contre le stress financier?
Une des clés pour diminuer les risques d’endettement excessif réside dans l’information. Avoir accès à une information juste et diversifiée portant sur les enjeux de consommation donne aux individus le pouvoir de faire des choix ajustés, en fonction de leurs besoins et de leurs revenus. Elle permet aussi de déboulonner certains mythes tenaces au sujet de l’argent et de la consommation.
Vos employés comprennent-ils bien les conditions de leur prêt hypothécaire et de leur carte de crédit? Savent-ils comment établir un budget équilibré? Peuvent-ils différencier leurs besoins et leurs désirs? Disposent-ils des ressources nécessaires pour répondre adéquatement à leurs besoins?
Ces connaissances ne sont pas innées. Elles peuvent néanmoins s’acquérir et ainsi devenir la pierre angulaire de changements de comportements qui assureront une meilleure santé financière.
Pour accompagner les employés dans ce changement, les entreprises ont ainsi avantage à mettre sur pied ou à offrir des programmes d’éducation financière en milieu de travail.