Un grand nombre de personnes sacrifient leur temps de sommeil. En effet, au Québec, on estime qu’une majorité de personnes dorment 2 heures de moins que ce qui serait nécessaire. Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention ont évalué que 1 adulte sur 3 ne dort pas suffisamment, c’est-à-dire moins de 6 heures par nuit.
Dormir moins est souvent le moyen que nous privilégions pour réussir à accomplir toutes nos tâches quotidiennes. La logique n’est pas mauvaise : il est vrai que nous devons souvent choisir et établir des priorités, car nous ne pouvons tout faire! Toutefois, sacrifier son sommeil au profit d’autres activités peut avoir des conséquences contre-intuitives : étonnamment, ne pas dormir pour compléter nos activités nous rend improductif. Par ailleurs, on sait maintenant que le manque de sommeil est néfaste pour la santé physique et mentale.
Les effets du manque de sommeil
Encore aujourd’hui, on sous-estime grandement les effets du manque de sommeil. Pourtant, plusieurs études ont permis de les documenter. En effet, on sait maintenant que le manque de sommeil :
- diminue notre capacité à réguler nos émotions;
- diminue notre capacité à contrôler notre impulsivité;
- affecte nos fonctions cognitives, notamment l’attention;
- augmente les risques de vivre de l’anxiété;
- augmente le risque de développer des problèmes de santé physique;
- augmente le risque de développer des problèmes de santé mentale, dont la dépression;
- est corrélé avec un plus haut taux de suicide.
Pourquoi le repos est-il si important?
L’idée que le repos est bon pour la santé peut sembler aller de soi pour certains, mais pourquoi en est-il ainsi? Que se passe-t-il exactement quand on se repose?
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, se reposer ne signifie pas qu’on ne fait rien… bien au contraire! Il semble que le sommeil permette au cerveau de compléter des opérations qui ne sont pas possibles pendant que nous sommes éveillés. En effet, le sommeil favorise la communication entre les différentes parties du cerveau. Cette communication fluide et l’arrangement de nouvelles connections cérébrales ne seraient possibles que pendant la nuit, alors que notre cerveau n’est pas constamment sollicité par les stimulations de l’environnement. Cette activité cérébrale nocturne est d’ailleurs un ingrédient essentiel à la créativité.
Voilà pourquoi il nous arrive de nous réveiller le matin avec des idées ou des solutions nouvelles à des problèmes qui nous semblaient insolubles la veille encore…
Se reposer… même au travail?
On peut faire un parallèle avec le repos en milieu de travail. Un peu comme on sacrifie le sommeil pour arriver à répondre à toutes nos exigences personnelles, les pauses et les heures de repas sont souvent les premières activités sacrifiées lorsque la charge de travail augmente. Pourtant, comme pour le sommeil, il est maintenant clairement établi que les pauses en milieu de travail ont une fonction réparatrice essentielle.
On a évidemment documenté les effets des longues pauses, telles que les vacances ou les fins de semaine, mais il est aussi démontré que de courtes pauses ont des effets significatifs sur le bien-être des travailleurs et à leur productivité :
- une meilleure humeur;
- une diminution du sentiment de fatigue;
- une meilleure performance;
- une augmentation de la motivation au travail;
- une plus grande initiative et un meilleur engagement au travail.
Ces pauses, même si elles sont courtes, permettent de « recharger nos batteries » ainsi que nos ressources psychologiques. En effet, la concentration est comme un muscle : « pour bien fonctionner, elle ne doit pas être surmenée. » Une étude du Draugiem Group, en Lettonie, recommande le ratio travail/repos « idéal » : 52 minutes de travail intense pour 17 minutes de repos. Selon eux, pour que les pauses soient source de repos, les employés doivent se déconnecter de leur ordinateur et faire une activité qui les distancie du travail : prendre une marche, lire, discuter avec des collègues.
Selon une étude américaine, les micro-coupures du travail seraient d’autant plus efficaces si on les utilise pour s’éloigner de l’ordinateur, bouger un peu et compléter de petites activités positives en lien avec le travail. En fait, les activités qui permettent de faire un apprentissage, de donner du sens à son travail ou de construire des relations positives avec ses collègues auront un effet encore plus intéressant qu’une pause-café. Ainsi, une réelle distance psychologique du travail, pour être bénéfique, doit s’opérer dans les pauses plus longues : les soirs, les fins de semaine et pendant les vacances.
Comment savoir si on repose suffisamment?
On entend souvent qu’une nuit de sommeil devrait durer 8 heures. Ce chiffre revient régulièrement dans les écrits sur le sujet, mais ce n’est pas une règle incontournable. En effet, comme dans la majorité des cas, il s’agit d’un indicateur qui représente la moyenne des besoins de l’ensemble de la population. Il y aura toujours des personnes qui en auront besoin d’un peu plus ou d’un peu moins.
La meilleure façon de savoir si vous dormez suffisamment, c’est d’être attentif à votre état lorsque vous vous réveillez. Vous sentez-vous reposé? Vous réveillez-vous avec une envie de traîner au lit qui disparait après 30 ou 60 minutes d’éveil? C’est probablement le signe que vous dormez suffisamment. Si cette impression perdure toute la journée, vous devriez vous questionner sur votre sommeil.
Une autre façon de vérifier si votre sommeil est suffisant, c’est d’essayer de dormir une heure de plus par nuit pendant une semaine. Si vous constatez une différence positive, il s’agit probablement d’un signe que vous avez besoin de plus de sommeil.
Faites le même exercice au travail. Observez votre état psychologique après une pause ou une heure de dîner partagée avec vos collègues. Vous sentez-vous plus motivée, énergique ou reposée? Si oui, n’hésitez pas à répéter l’expérience. Vous en bénéficierez probablement à court et à long terme… et votre employeur également.