Le stress de l’entrepreunariat
Devenir entrepreneur, c’est ouvrir la porte à de multiples opportunités, c’est utiliser quotidiennement son potentiel et sa créativité, mais ça implique également de modifier son rapport au travail. On se concentre sur les tâches et les projets plutôt que sur le nombre d’heures travaillées. On accepte de diversifier (presque à l’infini) sa palette de compétences : non seulement doit-on produire et distribuer un produit ou un service de qualité, mais on doit prendre en charge (ou du moins comprendre et, lorsque possible, déléguer) toutes les opérations d’une entreprise, de la comptabilité, au développement et à la vente. On jouit d’une immense latitude pour décider et agir en fonction de nos objectifs et de nos valeurs, en échange de laquelle on accepte de porter, souvent seul, la responsabilité du succès ou de l’échec de notre entreprise. On accepte également de s’investir dans un projet porteur de sens, sans toutefois jouir d’une garantie de revenus ou d’emploi. Devenir entrepreneur implique donc, finalement, d’adopter une posture différente que celle que nous avons occupée comme employé salarié.
Je pense qu’on s’y fait avec le temps, mais j’avoue que les premiers mois de ce nouveau régime à temps plein demande certainement une adaptation. Détrompez-vous : je ne regrette absolument pas mon choix. Il me semble que je n’ai jamais ressenti autant de cohérence et de satisfaction professionnelle que depuis que j’ai accepté de prendre ce risque. Néanmoins, je constate que mes capacités d’adaptation au stress sont très sollicitées.
Tirer profit de l’expérience des autres
J’avais prévu le coup… Plusieurs personnes m’avaient mise en garde à ce sujet et m’avait donné d’excellents conseils. Je m’étais donc bien préparée et je me suis bien entourée : j’ai participé à des ateliers et des formations, j’ai consulté des conseillers, je me suis liée à une superviseure dans mon champ de pratique professionnelle et je consulte régulièrement des groupes sur les médias sociaux qui s’adressent aux entrepreneurs. Un de ces groupes, Dans la tête des entrepreneurs, sur Facebook, constitue un réseau d’entraide très inspirant, dans lequel les participants échangent leurs trucs, leurs savoirs mais également leurs expériences, qu’elles soient des succès ou des déceptions. Récemment, dans la cadre de ce groupe, une participante a lancé une discussion sur la gestion du stress. Ce fil de discussion a provoqué une des plus longues série de réponses des dernières semaines! Les répondants y partageaient leurs trucs, leurs astuces et leur perception de la gestion du stress.
En réfléchissant à ce petit phénomène, j’ai formulé trois constats :
- Je ne suis clairement pas la seule à vivre du stress. Je m’en doutais, mais c’est toujours agréable de savoir qu’on partage une expérience avec d’autres individus dans une situation similaire à la nôtre. Ça rassure et ça normalise. Ce constat me rappelle également à quel point un entrepreneur doit être vigilant à créer et entretenir des liens sociaux, car on peut rapidement s’isoler si on n’y prend pas garde. Premier truc pour mieux composer avec le stress : bien s’entourer!
- La notion de stress touche tous les types de travailleurs, peu importe leur situation, leur contexte et leur réalité. En effet, plusieurs de mes lecteurs, lors du lancement du blogue, avaient formulé le désir de lire des articles sur les techniques de gestion du stress. Et, bien que beaucoup de travailleurs autonomes ont choisi cette forme de travail pour améliorer leur qualité de vie, ils ne sont pas à l’abri du stress non plus. Les causes ne sont peut-être pas les mêmes, mais nul doute que les défis rencontrés génèrent leur part de stress. Nous sommes, de toute façon, dans l’époque du stress et de sa gestion; personne n’y échappe…
- Les entrepreneurs, du moins ceux qui ont accepté de participer au fil de discussion, semblent bien outillés pour faire face au stress lié à leurs contexte professionnel. Il me semble que j’ai eu droit à plusieurs petites perles de sagesse populaire que j’ai envie de vous partager.
Prévention et gestion : deux approches différentes
Je crois que, au départ de ma lecture du fil de discussion, je m’attendais à lire plusieurs réponses en lien avec ce que je nommerais la « gestion » du stress, c’est-à-dire des moyens et des astuces qu’on utilise dans des moments où on ressent les effets physiques et psychologiques du stress de façon tellement aiguë qu’ils nous empêchent de travailler. Ces moyens ont généralement comme objectif de réduire, rapidement et ponctuellement, ces symptômes afin de retrouver un niveau de fonctionnement suffisant pour poursuivre nos activités; on essaie de se calmer, tout simplement. Les participants ont effectivement mentionné un certain nombre de ces astuces :
- prendre une pause pour passer du temps avec ses enfants;
- s’arrêter, respirer, s’observer pour comprendre ce qui se passe;
- changer d’activité pour se faire plaisir;
- aller prendre une marche;
- entretenir des pensées positives.
En résumé, pour se calmer dans une situation de stress très intense, les participants essaient de se changer les idées ou de prendre du recul et de modifier leur perception de ce qui est en train de se passer afin de le dédramatiser.
Toutefois, à ma grande surprise, la majorité des répondants ont plutôt identifié des astuces pour prévenir le stress plutôt que d’agir une fois que celui-ci est envahissant et handicapant pour leurs activités. J’ai identifié trois catégories de moyens : ajuster son hygiène de vie, modifier ses habitudes de travail et entretenir une attitude bienveillante envers soi.
1- Des conditions facilitantes : repos, plaisir, hygiène de vie
La catégorie la plus importante liée aux moyens de prévention concerne l’hygiène de vie. Les propositions sont vraiment multiples et diversifiées :
- l’exercice, sous toutes ses formes;
- une consommation alimentaire avisée (ex. diminuer le café);
- un bon sommeil;
- la pratique de la spiritualité;
- des soins corporels apaisants;
- des activités en famille et avec des amis;
- des vacances;
- des moments réservés pour la réflexion et la créativité.
Pour les participants au fil de discussion, ces moyens leur permettent d’atteindre un meilleur équilibre de vie. Plutôt que de se lancer à corps perdu dans leurs projets professionnels, les entrepreneurs demeurent vigilants et s’assurent de réserver du temps pour maintenir de saines habitudes de vie, prendre soin de leur corps et de leur esprit et, surtout, vivre des moments de plaisir!
2- Être plus efficace dans son travail
Une autre catégorie concerne les habitudes de travail. Encore une fois, les participants ont partagé un grand nombre de moyens intéressants :
- choisir les clients avec qui on a envie de travailler;
- s’assurer d’investir son énergie dans des tâches qui rapportent plus de résultats plutôt que de dépenser son énergie à des tâches peu utiles;
- se donner des objectifs de travail quotidiens clairs;
- planifier ses projets et transformer cette planification en petits objectifs;
- se doter d’une structure de travail;
- s’appuyer sur les résultats positifs;
- se doter d’un coach ou d’un mentor;
- etc.
Par ces moyens, les participants au fil de discussion mettent en lumière qu’une bonne gestion du stress repose également sur la cohérence et la clarté de notre projet professionnel. Plus nos objectifs sont clairs, plus nous serons en mesure de prioriser ce qui est important, de planifier nos activités, de se donner les outils pour atteindre ses objectifs et donc, de ne pas se laisser envahir par un ensemble d’éléments qui polluent notre attention. Avoir une direction professionnelle claire, voilà aussi une bonne façon de prévenir et gérer le stress!
3- Une attitude bienveillante
Finalement, une dernière catégorie concerne les attitudes à cultiver envers soi. Voici quelques exemples de moyens proposés :
- cultiver une attitude bienveillante envers soi en acceptant ses limites et ses difficultés;
- s’accorder du répit;
- entretenir la capacité à lâcher-prise;
- accepter de s’arrêter à certains moments.
C’est une catégorie que j’aime beaucoup, car elle encourage à faire contre-poids à notre culture de performance ambiante. Ce sont des moyens qui nous encouragent à prendre des temps d’arrêt. Ces derniers sont nécessaires pour se donner du recul et réajuster le tir lorsque nous courons comme des poules sans tête! Finalement, ces moyens nous rappellent notre caractère humain et donc imparfait; devant cette imperfection, nous pouvons devenir intransigeant et toujours exiger de soi une amélioration continue… mais il peut aussi être utile, de temps à autre, de se donner la permission d’être imparfait et d’apprendre de nos expériences, qu’elles soient positives ou plus difficiles. Être bienveillant, le dernier secret des entrepreneurs pour prévenir et gérer le stress…
Un grand merci à tous les entrepreneurs qui ont participé à ce fil de discussion et qui m’ont permis cette réflexion!