Prendre soin de soi, prendre du temps pour soi, prendre soin de sa santé mentale… On en parle beaucoup et même de plus en plus. Mais qu’est-ce que ça veut dire exactement? Comment y arrive-t-on?
La tyrannie de la santé
La santé et le bien-être sont devenues des valeurs phares dans nos sociétés occidentales, à un point tel que certains penseurs et auteurs dénoncent ce qui est devenu la tyrannie de la santé. Cederström et Spicer ont d’ailleurs écrit un ouvrage à ce sujet pour sonner l’alarme sur les dérives du contrôle du corps : arrêter de fumer, manger mieux, sainement, sans gluten, faire de l’exercice quotidiennement, du yoga, de la méditation, éviter l’alcool, etc. On ne peut nier les effets bénéfiques potentiels de ces actions, mais ce régime de vie est devenu une injonction morale lourde à porter, surtout quand nous n’avons pas les moyens de le suivre. Il importe donc d’appliquer l’idée de santé et de bien-être de façon réaliste. Pour ce faire, il faut bien comprendre de quoi il s’agit.
Qu’est-ce qu’une bonne santé mentale?
À l’instar de la santé physique, on considère qu’une bonne santé mentale est plus que l’absence de maladie; il s’agit en fait d’un état d’équilibre entre les différentes sphères de vie. La vie n’est toutefois pas un long fleuve tranquille; elle nous amène son lot de défis qui provoquent, très souvent, une certaine instabilité. L’atteinte de cet « équilibre » est donc le fruit d’un ajustement constant.
On associe ce déséquilibre au stress. Le stress est défini comme un ensemble de réactions physiologiques et cognitives face à des évènements et des demandes de l’environnement (Ganster et Rosen, 2013). Faire face à ces demandes exige un certain nombre de ressources. Lorsque nous percevons ne pas avoir les ressources nécessaires pour faire face aux exigences de l’environnement, nous ressentons les effets du stress. Une forte dose de stress continue, maintenue sur une longue période de temps, est reconnue comme un facteur précipitant pour plusieurs maladies physiques et problèmes de santé mentale. En effet, ce stress provoque des réactions physiologiques en cascade qui deviennent la source de problèmes de santé. Voilà pourquoi on s’attarde tellement aujourd’hui à la gestion du stress. Prendre soin de sa santé mentale, c’est donc limiter les sources de stress ou ses impacts sur notre santé.
Quels sont les facteurs à l’origine du stress?
Le stress est un phénomème complexe, au coeur de multiples travaux de recherche. On sait toutefois que plusieurs facteurs peuvent générer du stress et donc affecter la santé mentale :
- des facteurs biologiques (par exemple, la présence d’un problème de santé préalable);
- des facteurs sociaux (un faible revenu, le manque d’accès à un logement sécuritaire et en bon état et à des services de santé, l’absence d’un réseau de soutien, etc.);
- des facteurs psychologiques (l’implication dans des conflits interpersonnels, des stratégies de gestion de stress limitées, une histoire de vie avec plusieurs difficultés, etc.)
On a même identifié la recette du stress. Pour qu’une situation soit stressante, elle doit comporter une ou plusieurs des 4 caractéristiques suivantes :
- un aspect de nouveauté;
- une forme d’imprévisibilité où on ne peut planifier ce qui s’en vient;
- une perte ou une absence de contrôle sur la situation;
- une menace à notre égo où nos compétences sont mises en doute ou mises à l’épreuve.
Comment agir sur le stress?
Les facteurs à la source de stress ne sont pas qu’individuels; ils touchent aussi les conditions de vie. Diminuer les sources de stress et ses impacts nécessitent donc de prendre connaissance de la place et de l’effet de ces facteurs dans nos vies afin d’agir adéquatement.
1. Éviter d’appliquer des « recettes » toute faites, sans discernement
Quand nous souffrons psychologiquement ou physiquement, nous cherchons souvent une solution rapide pour soulager l’inconfort. Les revues ou différents sites web présentent souvent une solution toute faite pour « gérer votre stress » et être en meilleure santé : une nouvelle alimentation plus saine, un programme d’activités physiques, des exercices de respiration, de la méditation, des exercices de restructuration cognitive, etc. Bien que ces méthodes peuvent avoir des effets bénéfiques sur la santé, elles constituent rarement la réponse miracle à votre stress. Agir positivement sur le stress demande le plus souvent d’avoir une vue d’ensemble de votre situation. Ne vous laissez pas berner par des promesses miraculeuses.
2. Identifiez les sources de votre stress
Pour avoir une vue d’ensemble, faites un petit bilan de votre situation. Quelles sont vos sources de stress? Quelles sont vos zones de stabilité qui permettent un apaisement? Quelles sont vos sources de soutien, vos points d’équilibre? Utilisez un outil pour vous aider à compléter ce bilan. Vous pouvez télécharger Le bilan de mon équilibre.
3. Ciblez des solutions cohérentes avec les sources identifiées et vos zones de pouvoir
Les solutions que vous ciblez pour diminuer les sources de stress devraient être en lien avec vos sources de stress. Changez votre alimentation peut sembler un moyen moins pertinent à court terme si votre source de stress principal est lié à votre revenu ou à votre situation de logement. Par ailleurs, le bilan vous permettra aussi de cibler les aspects de votre vie qui vous apporte du réconfort. Par exemple, vous pourriez vous rendre compte que, pour vous calmer du stress du travail, le fait de passer du temps seul, dans votre logement, est bénéfique, car vous vous y sentez bien et en sécurité. Il s’agit donc d’une solution déjà à votre portée!
4. Favorisez les stratégies et les moyens efficaces que vous utilisez déjà
Il n’est pas toujours utile d’adopter une panoplie de nouvelles habitudes. En effet, intégrer de nouvelles stratégies de gestion du stress est un exercice exigeant, car il implique un apprentissage et plusieurs efforts. C’est parfois indispensable, mais, avant d’y investir beaucoup d’énergie, utilisez l’exercice de bilan pour identifier les moyens que vous utilisez déjà et qui sont efficaces. Si possible, multipliez l’utilisation de ces moyens. Il vous sera plus facile d’augmenter un comportement déjà connu que d’en apprendre un nouveau.
5. Introduisez graduellement de nouvelles stratégies dans votre routine
Parfois, nos stratégies existantes ne sont pas suffisantes, car les défis sont trop grands. Dans ce cas, il peut devenir utile d’adopter un nouveau comportement ou de faire appel à de nouvelles sources d’aide. Dans le cas où vous choisissez d’adopter de nouvelles habitudes, vous vivrez probablement plus de succès si vous intégrez de nouveaux comportements de façon graduelle et réaliste. Vous souhaitez faire plus d’exercice physique, du yoga ou de la méditation? Pourquoi ne pas commencer par aller le faire une fois par semaine? Lorsque vous aurez intégré ce changement, ajoutez une plage horaire hebdomadaire supplémentaire, et ainsi de suite, jusqu’à ce que vous ayez atteint votre objectif. La montagne vous semblera plus facile à grimper; il vous sera plus facile de maintenir ces changements et vous n’en serez que plus satisfait!
6. Soyez bienveillant et indulgent envers vous-mêmes
Patience et indulgence : voici deux mots bien utiles lorsqu’on souhaite effectuer des changements dans sa vie. S’il était facile de gérer son stress et de prendre soin de sa santé mentale, tout le monde le ferait facilement, sans difficulté. Nous n’aurions pas besoin d’écrire de longs articles sur le sujet! Initiez vos changements une étape à la fois. Fixez-vous des objectifs réalistes. Donnez-vous la permission de ne pas tout faire parfaitement du premier coup.
7. N’hésitez pas à demander de l’aide, au besoin
Devant des sources de stress complexes ou lorsque les changements souhaités nous apparaissent impossibles à atteindre, il peut être utile et pertinent d’aller chercher du soutien. Au besoin, sollicitez le soutien de ressources professionnelles :
- contactez-nous;
- contactez votre programme d’aide aux employés;
- contactez le CLSC de votre territoire;
- consultez un professionnel de la santé mentale pertinent;
- consultez les répertoires de ressources communautaires disponibles :
- Mouvement Santé mentale Québec
- Fondation des maladies mentales
- Association canadienne de santé mentale-Filiale de Montréal (pour les personnes de la région de Montréal)
- Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec.
Rappelez-vous que nos conditions de vie se transforment, et nous changeons au fil du temps. Le bilan complété aujourd’hui n’est pas représentatif de votre situation dans 1 an ou même dans 6 mois. N’hésitez pas à refaire l’exercice de temps à autre, pour vous réajuster.
Références
Ganster, Daniel C. et Christopher C. Rosen (2013). Work Stress and Employee Health : A Multidisciplinary Review, Journal of Management, Vol. 39 No. 5.
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