La version originale de cet article est publiée dans la revue Gestion.
Les relations positives en milieu de travail sont un facteur de protection important pour le bien-être psychologique de chacun. Elles peuvent être entretenues par des attitudes et un savoir-être des membres de l’organisation. Néanmoins, les organisations ont aussi une part de responsabilité à prendre.
Ces dernières peuvent jouer un rôle proactif dans le maintien des relations et du soutien social entre ses membres, notamment par l’implantation de mesures et d’initiatives. En voici deux exemples : le programme des sentinelles de Suicide-Action Montréal et la Fête des voisins du Mouvement Santé Mentale Québec.
Prévenir le suicide en milieu de travail : une question de réseau
Une sentinelle est un adulte qui, dans son contexte de travail ou de bénévolat, est susceptible de venir en aide à une personne suicidaire. La présence des sentinelles est un facteur important dans la promotion du bien-être et le soutien social en milieu de travail. En effet, la présence des sentinelles assure une intervention plus proactive lors de situations de détresse psychologique chez des employés ou des gestionnaires.
C’est pourquoi, depuis 1984, Suicide-Action Montréal offre un programme de formation aux organisations qui souhaitent implanter un réseau de sentinelles dans leur milieu. Pourquoi un réseau ? Tout simplement parce qu’une action préventive est plus efficace si elle est portée par plusieurs personnes plutôt qu’une seule.
Si un tel réseau est d’une grande pertinence pour les milieux présentant un haut niveau de stress ou un contact régulier avec des personnes vulnérables, la présence de sentinelles peut être pertinente dans toute organisation, peu importe la nature de ses activités : organisations communautaires, établissements de tous les ordres d’enseignement, institutions publiques, entreprises privées. Il s’agit d’une façon très concrète de signifier aux personnes qui fréquentent ces organisations qu’elles ont leur bien-être à cœur.
Suicide-Action Montréal n’a établi qu’un seul prérequis à la formation d’une sentinelle : son intérêt sincère pour le bien-être de ses collègues et de ses proches. Nul besoin d’une expertise en relation d’aide pour devenir sentinelle. Le programme de formation d’une journée développée par Suicide-Action Montréal s’assure de fournir aux personnes inscrites les informations qui seront pertinentes et utiles à leur rôle de sentinelle :
– les rôles, responsabilités et limites du rôle;
– les signes pour identifier les personnes à risque;
– les indices de détresse et les signes précurseurs;
– les conditions permettent de créer un climat de confiance;
– les façons d’encourager et de soutenir la demande d’aide,
Cette formation a prouvé maintes fois son efficacité, en augmentant le sentiment de compétence des personnes formées, leur permettant ainsi d’agir de façon plus proactive auprès des personnes en détresse dans leur milieu.
Le principal défi dans l’implantation d’un tel réseau est l’identification d’un intervenant désigné, c’est-à-dire une personne au sein de l’organisation qui est en mesure de donner suite aux références des sentinelles afin d’offrir une intervention complète.
Idéalement, cette personne aura reçu une formation plus approfondie en prévention du suicide. Il s’agit habituellement d’un travailleur social, d’un psychologue, d’un conseiller en orientation, d’un conseiller en ressources humaines, c’est-à-dire d’une personne au sein de l’organisation qui joue déjà un rôle de soutien. Ce rôle est indispensable pour assurer le soutien adéquat des personnes à risque. Suicide-Action Montréal, dans sa démarche d’accompagnement, aide donc les organisations à assurer la présence d’un tel intervenant.
Favoriser le soutien social en milieu de travail : rien de plus simple !
Le Mouvement Santé Mentale Québec s’est aussi intéressé à la question de la santé mentale en milieu de travail en proposant la Fête des voisins, une campagne annuelle de promotion du soutien social en milieu de travail. Les études montrent de plus en plus nettement, d’une part, l’augmentation de la détresse psychologique, tant en milieu scolaire que dans le monde du travail mais aussi, d’autre part, le rôle du soutien social dans ces milieux comme un facteur de protection au bien-être psychologique. Les organisations sont à la fois un des terreaux du stress menant à la détresse psychologique mais également une des pistes de solution à explorer.
La Fête des voisins est un moyen de favoriser le soutien social, en développant la confiance entre les membres de l’organisation, un sentiment d’appartenance ainsi que la qualité de vie au travail. Pour ce faire, le Mouvement Santé Mentale Québec propose aux organisations une boîte à outils ainsi que des propositions d’activités à mettre en œuvre pendant cette campagne, qui se tient annuellement, chaque première semaine du mois de novembre.
Les activités proposées sont de différents ordres, certaines très simples à mettre en place (une pause-café, un mur de gratitude, des cartes de souhaits), d’autres exigeant une organisation plus élaborée (un dîner collectif, un concours).
Chaque organisation peut ainsi choisir les propositions qui lui conviennent le mieux, en fonction de sa culture. L’important, c’est tout simplement de créer des moments et des contextes pour se côtoyer dans le plaisir, apprendre à se connaître et créer des liens sociaux. Tout comme pour le programme des sentinelles de Suicide-Action Montréal, la Fête des voisins est une initiative qui s’intègre dans toute organisation préoccupée par le bien-être de ses membres, peu importe sa structure et sa grosseur.
Favoriser le soutien social et promouvoir le bien-être psychologique en milieu de travail commence d’abord et avant tout par une intention et un engagement de l’organisation, qui peut ensuite se concrétiser par différents moyens.