* La version originale de cet article est disponible sur le site de la revue Gestion.
La Semaine nationale de la santé mentale se tiendra du 1er au 7 mai 2017, sous le thème « 7 astuces pour se recharger ». Cette semaine de sensibilisation constitue un moment privilégié pour s’interroger sur les stratégies organisationnelles qui permettent le maintien d’une bonne santé mentale en milieu de travail. Pourquoi ne pas prendre quelques minutes pour y réfléchir?
Un article précédent (lire « Le défi de la réduction du stress en milieu de travail : mission possible! ») a permis de mettre en évidence les liens entre la santé mentale des travailleurs et la présence de stress en milieu de travail. Un deuxième article (lire « Comment le stress minera-t-il votre organisation? ») a également identifié les facteurs de risques psychosociaux, c’est-à-dire les différentes catégories de sources de stress potentiellement présentes dans l’environnement de travail. Que doivent faire les organisations, maintenant qu’elles ont ces informations en main? La première piste d’intervention à explorer est la prévention primaire.
PRÉVENTION PRIMAIRE : POUR AGIR SUR LES CAUSES DU STRESS
Bien qu’on identifie trois niveaux d’intervention dans le champ du stress au travail, on considère généralement que les interventions de premier niveau, soit la prévention primaire, sont les seules qui permettent d’éliminer à la source l’apparition de problèmes de santé mentale en réduisant significativement les causes du stress en milieu de travail. Effectivement, ce type d’intervention vise à agir directement sur les risques psychosociaux dont il a été question précédemment.
Par exemple, si une évaluation en milieu de travail identifie le manque de participation des employés aux décisions comme un facteur de stress, une intervention de prévention primaire pourrait proposer la mise en place d’un mécanisme permettant la prise en compte des suggestions des employés et le soutien à leur mise en place dans l’organisation. Évidemment, ce type d’intervention ne sera véritablement efficace que si l’on évalue adéquatement les sources de stress dans l’environnement.
La prévention primaire a pour avantage de favoriser des changements et une réduction de coûts plus durable dans le temps. Toutefois, sa mise en application demande des ressources ainsi qu’un engagement important de la direction de l’organisation dans le processus.
Les interventions des deux autres niveaux, soit la prévention secondaire et la prévention tertiaire, agissent, quant à elles, sur les médiateurs et les conséquences du stress au travail.
PRÉVENTION SECONDAIRE : POUR SOLIDIFIER LES CAPACITÉS D’ADAPTATION AU STRESS
Bien qu’on reconnaisse que le stress, notamment lorsqu’il se manifeste de façon intense et prolongée dans le temps, a des impacts sur la santé physique et mentale, on constate également une certaine variabilité individuelle quant aux façons de réagir aux différentes sources de stress. Certains travailleurs peuvent se montrer plus résilients que d’autres.
Les caractéristiques et les compétences individuelles peuvent donc constituer des médiateurs du stress. En les développant, les individus se prémunissent de certains de ses effets nocifs. Ces compétences constituent justement la cible des interventions de prévention secondaire. Celles-ci ont pour but de soutenir le développement et l’utilisation de connaissances et d’habiletés pour mieux reconnaître et gérer les réactions au stress. L’organisation pourrait donc proposer des activités d’information et de sensibilisation ou même un programme de développement d’habiletés en milieu de travail.
La prévention secondaire permet de favoriser la sensibilisation des individus ainsi que le développement de compétences qui leur seront utiles tant dans la vie personnelle que professionnelle. Néanmoins, ces interventions comportent aussi leurs limites. Même la personne outillée des meilleures stratégies ne pourra composer avec des facteurs de stress trop importants. Un milieu de travail rendu très nocif, soit par une accumulation de stresseurs ou par la présence de stresseurs graves tel que le harcèlement, aura des conséquences négatives sur la santé mentale, et ce, malgré la prévention secondaire.
PRÉVENTION TERTIAIRE : TRAITER LES CONSÉQUENCES DU STRESS AU TRAVAIL
Une dernière catégorie d’intervention concerne, quant à elle, le traitement des conséquences du stress en milieu de travail, c’est-à-dire qu’elle touche les travailleurs ayant développé des problèmes liés au stress. Les interventions sont donc axées sur le traitement, la réadaptation et le suivi des travailleurs affectés. Les interventions les plus connues sont les programmes d’aide aux employés et les programmes d’accompagnement de retour au travail.
Les interventions de cette catégorie présentent l’avantage de fournir aux travailleurs un soutien nécessaire pour traverser leurs difficultés ainsi que pour éviter des rechutes. Néanmoins, elles se concentrent sur l’individu plutôt que d’agir sur les sources du problème. Ainsi, elles ne diminuent pas les conséquences du stress, mais permettent plutôt d’éviter l’aggravation des problèmes et favorisent leur traitement.
En résumé, un plan d’intervention stratégique axée sur le mieux-être en milieu de travail devrait ainsi prévoir des mesures issues des trois catégories de prévention afin d’offrir, à la fois, du soutien aux travailleurs affectés par le stress au travail, mais prévoyant également la diminution du stress à sa source.